Tshisekedi contre Kabila

16 décembre 2020 à 08h13 - 566 vues

Mais est-il vrai que les raisons justifiant l’exécution de l’accord entre le Cach et le FCC ont disparu ? À première vue, force est de constater que le contexte politique actuel en RDC est un peu différent de celui qui prévalait début 2019. Félix Tshisekedi, à l’époque novice et dépourvu de majorité parlementaire, était obligé de composer avec son prédécesseur s’il voulait tenir certains des engagements qu’il avait pris envers ses électeurs pendant la campagne.

Tshisekedi plus fort

Le FCC, quant à lui, ne se privait pas de brandir la menace d’une destitution du nouveau chef de l’État devant la Cour constitutionnelle, dont la majorité des juges lui était fidèle. Mais aujourd’hui, Tshisekedi semble contrôler certains des leviers qui lui échappaient autrefois. D’abord, il vient de recomposer la Cour constitutionnelle en nommant des juges qui lui sont favorables, rendant ainsi improbable toute tentative de destitution.

Il s’est aussi fait des alliés au sein de l’armée et des services de sécurité : il a procédé à des remaniements, éjecté certains officiers réputés proches de Kabila ou limité leur influence.

Enfin, il existe désormais de véritables dissensions au sein du FCC et il ne serait pas surprenant que certains le quittent pour rejoindre la future « union sacrée » de Tshisekedi. Si cette transhumance se matérialisait, le rapport de force au sein du Parlement s’inverserait alors drastiquement.

Conscient du danger, le FCC multiplie ces derniers temps les réunions pour maintenir l’unité au sein de sa plateforme politique.

Est que c’est le dernier round ?

Toutefois, la messe n’est pas encore dite. Il faudra encore évaluer la marge de manœuvre dont dispose Tshisekedi pour se défaire d’un partenaire puissant – contrôlant encore le Parlement et comptant toujours des fidèles dans l’armée – et se lier dans une « union sacrée » avec des acteurs potentiellement « inconstants ». Quoique pertinent, cet exercice paraît ne pas avoir de réponse parfaite dans l’immédiat.

Pour le moment, Félix Tshisekedi devra déjouer le piège dans lequel ses prédécesseurs se sont laissés enfermer. C’est-à-dire éviter que la future « union sacrée » soit une énième plateforme de « redistribution du gâteau », qui ne contribue pas à améliorer le quotidien des Congolais.

S’il veut être réélu en 2023, le président serait avisé de se souvenir de cet autre conseil de Machiavel : un prince doit toujours prendre soin de ne pas être haï et méprisé par son peuple.

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